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Cosne-Cours-sur-Loire; archives et conservations, A SAVOIR ET RETENIR.

Avant les européennes, périple très politique sur les routes de France

De Bourges, future capitale européenne de la culture, à Strasbourg, siège du Parlement européen, l’AFP a sillonné durant une semaine les routes du centre et de l’est de la France, rencontrant un pays parfois optimiste mais surtout marqué par ses fractures les plus récentes. La crise agricole, celle des gilets jaunes, ou encore par les émeutes urbaines de l’été dernier.

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Une équipe de l'AFP a pris la route pendant une semaine pour prendre la température du pays avant les européennes, ici près de Praye, en Meurthe-et-Moselle, le 16 mai 2024

Une équipe de l’AFP a pris la route pendant une semaine pour prendre la température du pays avant les européennes, ici près de Praye, en Meurthe-et-Moselle, le 16 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Ces 1.000 kilomètres avant d’atteindre le Parlement européen, c’est un peu la diagonale du vide, glisse le maire divers gauche de Bourges, Yann Galut. Celle des villes périphériques qui cherchent la parade face à la désindustrialisation et des bourgs de campagne confrontés à l’éloignement des services publics.

Emballé par aucun

Dans sa ville résiliente de 64.000 habitants, le tissu économique va mieux et se retrouve au coeur d’un enjeu européen, la guerre en Ukraine. Car l’industrie de défense est de loin le premier employeur de l’agglomération, avec 5.600 salariés.

Une oeuvre d'art murale dans le centre de Bourges (Cher), le 13 mai 2024

Une oeuvre d’art murale dans le centre de Bourges (Cher), le 13 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

On est ici en plein dans l’économie de guerre voulue par Emmanuel Macron.

A Bourges, on connaît forcément quelqu’un qui travaille soit à MBDA soit à Nexter (KNDS), producteurs respectifs des missiles antiaériens Aster et des canons Caesar livrés à Kiev.

Impossible de rater le site de MBDA sur le rond-point à l’entrée de la ville. Juste en face, à la boulangerie Feuillette, un cadre de l’entreprise raconte anonymement que les cadences de production augmentent de façon importante depuis l’invasion russe en Ukraine, un sujet européen fondamental.

Pascal Keiser, commissaire général de Bourges, capitale européenne de la culture 2028, le 13 mai 2024

Pascal Keiser, commissaire général de Bourges, capitale européenne de la culture 2028, le 13 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Lui compte bien voter le 9 juin, mais n’est emballé par aucun candidat. Il trouve qu’Emmanuel Macron n’est pas assez écologiste, mais que les Verts ce n’est pas ça au niveau économique.

Et comme la grande majorité des personnes interrogées à travers ces régions, il n’est capable de citer spontanément qu’un seul candidat, Jordan Bardella. La preuve du déficit de notoriété dont souffrent les opposants au président du Rassemblement national, largement en tête des sondages.

Une Europe positive

Bourges sera en 2028 capitale européenne de la culture. Elue surprise face à des villes plus en vue comme Rouen, Montpellier ou Clermont-Ferrand.

L'Hôtel Dieu, à Bourges, en cours de rénovation pour l'accession de la ville au titre de capitale européenne de la culture 2028

L’Hôtel Dieu, à Bourges, en cours de rénovation pour l’accession de la ville au titre de capitale européenne de la culture 2028

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Dans la petite ville enclavée, sans TGV et loin des frontières européennes, l’un des enjeux est de montrer qu’il y a une Europe positive et protectrice, souligne Pascal Keiser. Commissaire général de Bourges 2028, parcourant la halle gothique de l’Hôtel Dieu, fermé depuis le milieu des années 90, mais qui va rouvrir pour devenir une cité européenne des artistes.

La culture comme arme politique et comme démonstration du bien-fondé du projet européen.

Le médecin de campagne Michel Serin lors d'une visite à domicile, près de Saint-Amand-en-Puisaye, le 14 mai 2024

Le médecin de campagne Michel Serin lors d’une visite à domicile, près de Saint-Amand-en-Puisaye, le 14 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Le lendemain, dans les villages de la Nièvre, le docteur Michel Serin soigne tant et plus. Le long de ces paysages vallonnés, quelques affiches électorales semblent surgir au milieu des herbes folles. Mais de deux camps seulement: La France Insoumise et le Rassemblement national, sans doute les partis dont les militants quadrillent le mieux le territoire.

– Panneaux renversés –

Ici le milieu rural vote FN (devenu RN), assène le médecin de campagne, même si les deux députés sortants, Modem et Renaissance, ont sauvé leur siège en 2022. Mais Marine Le Pen avait fait une percée à la présidentielle, terminant en tête au premier comme au second tour.

Des champs de blé du centre-est de la France, lors d'un périple de l'AFP sur les enjeux des élections européennes, le 15 mai 2024

Des champs de blé du centre-est de la France, lors d’un périple de l’AFP sur les enjeux des élections européennes, le 15 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

A 67 ans, le docteur Serin est un praticien de la lutte contre les déserts médicaux, dans ces terres qui manquent de spécialistes et ont vu la fermeture de la maternité de Cosne-sur-Loire en 2018, après celles de Decize en 2010 et de Clamecy en 2008.

L’absence de médecins, comme la disparition des services publics, parfois aussi des commerces, sont les symptômes de la fragmentation territoriale du pays, le terreau d’un sentiment d’abandon et d’un réflexe protestataire.

En traversant les vignobles de l’Yonne, dès le premier village de Beine, le panneau de l’entrée de la commune est retourné, l’un des symboles de la colère agricole qui a embrasé le pays début 2024.

Des affiches de campagne de La France insoumise (LFI) à Mennouveaux, en Haute-Marne, le 15 mai 2024

Des affiches de campagne de La France insoumise (LFI) à Mennouveaux, en Haute-Marne, le 15 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Ces panneaux à l’envers rythmeront le trajet jusqu’à Meuvy, en Haute-Marne, où le mécontentement de l’éleveuse Mélanie Flammarion Paillard ne part pas.

L’agricultrice de 29 ans voudrait un prix du lait rémunérateur. Elle est attachée à l’Europe pour la PAC, la politique agricole commune, mais pointe les gens de Bruxelles ou de Paris déconnectés avec leurs normes et leur paperasse, personne ne doit être agriculteur dans leur famille.

Ici, le prix du carburant a beaucoup joué, car il faut souvent faire des trajets. La Poste est à trois kilomètres, à Clefmont, ouverte deux heures par jour en semaine, et un peu plus longtemps le samedi.

L’Europe, c’est pour les riches

Plus bas, à Saint-Thiébault, Sylvain Jannel et Gaëtan Gassmann sont attablés à l’auberge du Cheval blanc. Même s’ils ne pensent pas pareil politiquement, ils sont bons camarades.

Melanie Flammarion Paillard prend soin d'une de ses vaches Simmentals, dans son exploitation de Haute-Marne, le 15 mai 2024

Melanie Flammarion Paillard prend soin d’une de ses vaches Simmentals, dans son exploitation de Haute-Marne, le 15 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Pour Gaëtan, 36 ans, il faut essayer le Rassemblement national, car ils n’ont jamais été au pouvoir et qu’il y a trop d’aides et des personnes qui se servent du système. Un leitmotiv qui reviendra régulièrement sur la route, dans un département où les deux députés sont lepénistes.

Sylvain, 59 ans, n’est pas du tout Front national et aime bien l’Insoumis François Ruffin. Plus que Jean-Luc Mélenchon qui ne réfléchit pas assez, estime ce salarié d’un garage.

Mais ce sera pour la présidentielle, parce que les européennes, il n’ira pas: L’Europe c’est pas pour nous, c’est pour les riches.

L'ancien syndicaliste FO Frédéric Weber, aujourd'hui candidat RN aux européennes, devant les hauts-fourneaux Arcelor-Mittal, à Hayange le 16 mai 2024

L’ancien syndicaliste FO Frédéric Weber, aujourd’hui candidat RN aux européennes, devant les hauts-fourneaux Arcelor-Mittal, à Hayange le 16 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Des plaines agricoles de Haute-Marne ou des Vosges à la vallée de Fensch, en Moselle, l’enracinement électoral du RN ne se dément pas. Ici, ce sont les vestiges des temps glorieux de la sidérurgie qui dominent le décor.

Florange est devenu un symbole en 2012 lors de la lutte syndicale pour tenter, en vain, d’empêcher la fermeture des deux hauts-fourneaux d’ArcelorMittal.

Déçu par la gauche

Le conflit a laissé des traces. Déçu par la gauche, l’ancien militant CFDT et Force ouvrière Frédéric Weber est désormais 43e sur la liste du Rassemblement national aux européennes du 9 juin.

Des affiches électorales de la candidate Renaissance Valérie Hayer, dans la ville de Wilwisheim, dans l'est de la France, le 17 mai 2024

Des affiches électorales de la candidate Renaissance Valérie Hayer, dans la ville de Wilwisheim, dans l’est de la France, le 17 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Son collègue de la CGT, Jean Mangin, désormais retraité, compte à son tour glisser un bulletin RN dans l’urne. Il dit qu’il ne comprend plus La France Insoumise, qui a axé une partie de sa campagne sur la guerre à Gaza: Le conflit israélo-palestinien, je ne vois pas trop ce qu’il vient faire dans les européennes.

Plus de 10 ans après la fermeture des hauts-fourneaux, ArcelorMittal a maintenu 2.200 emplois à Florange dans la production d’acier. Et le tissu économique local s’est plutôt bien remis du choc, selon l’ancien député PS Michel Liebgott, à la tête de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, notamment grâce au Luxembourg où vont travailler chaque jour quelque 120.000 frontaliers.

Des affiches de campagne du Rassemblement national (RN), lors d'un périple de l'AFP dans l'Est de la France, le 15 mai 2024

Des affiches de campagne du Rassemblement national (RN), lors d’un périple de l’AFP dans l’Est de la France, le 15 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Christophe, 46 ans, est justement conducteur de train au Luxembourg. On le rencontre un jeudi soir à la Foire de mai, la grande fête foraine de Metz, au snack Oncle Sam et fils, en face des auto-tamponneuses. Il y a une forte probabilité qu’il aille voter le 9 juin, pas pour Macron, peut-être pour Les Républicains (LR), car le RN est quand même contre l’Europe, juge-t-il.

Au stand de tir à la carabine, Sandra, enseignante, votera aux européennes comme à toutes les élections, mais n’a pas encore fait son choix. Elle n’a jamais voté RN mais comprend que Jordan Bardella plaise à cause de tout ce qui se passe, les incivilités, la délinquance.

Sur le marché de Cronenbourg, à Strasbourg, le 17 mai 2024, lors d'un périple de l'AFP avant les élections européennes

Sur le marché de Cronenbourg, à Strasbourg, le 17 mai 2024, lors d’un périple de l’AFP avant les élections européennes

© / afp.com/JEFF PACHOUD

L’intérêt pour la politique n’est pas toujours synonyme de vote. C’est surtout vrai chez les jeunes et dans les quartiers les moins favorisés, où les taux d’abstention sont les plus élevés.

Sur le marché de Cronenbourg, un quartier populaire de Strasbourg, le poissonnier Saïd ne peut pas voter, car il est Marocain. Mais en 2027, l’hypothèse d’une élection de Marine Le Pen ne l’inquiète pas. Quand on travaille, on est bien. On n’a rien à se reprocher, normalement on est intouchable.

Des pensées bizarres

Le RN ne monte pas parce que les gens sont devenus racistes mais parce que les partis traditionnels n’ont pas donné satisfaction. Il reste une cartouche, s’inquiète Mohamed Khettab, animateur social à Cro depuis trois décennies.

Une rame de tramway strasbourgeois aux couleurs du Parlement européen, le 17 mai 2024

Une rame de tramway strasbourgeois aux couleurs du Parlement européen, le 17 mai 2024

© / afp.com/JEFF PACHOUD

Strasbourg est une des capitales de l’Europe. Une semaine par mois, les eurodéputés venus de Bruxelles y prennent leurs quartiers dans une transhumance devenue un rituel européen.

Dirigée depuis 2020 par l’écologiste Jeanne Barseghian, la ville alsacienne avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête (35,5%) au premier tour de la dernière présidentielle devant Emmanuel Macron (30%), laissant à distance Marine Le Pen (11%).

Sofiane, 19 ans, participe à un atelier de podcast à Strasbourg, et aimerait bien à l'avenir voter aux élections

Sofiane, 19 ans, participe à un atelier de podcast à Strasbourg, et aimerait bien à l’avenir voter aux élections

© / afp.com/JEFF PACHOUD

L’agglomération se porte bien économiquement, mais il y a une grande disparité entre les quartiers d’affaires des institutions européennes et les quartiers prioritaires de la ville, souligne Nora Tafiroult, présidente bénévole de l’association Speaker, un média des quartiers qui anime des ateliers d’éloquence, radio et vidéo avec des jeunes.

La jeune Marjene, 15 ans, est loin d’être indifférente à la politique. Elle a peur des pensées bizarres de Marine Le Pen, comme celles de son père Jean Marie. Quand elle aura l’âge, promis, elle ira voter, mais elle voudrait que les responsables politiques s’intéressent à elle, qu’ils écoutent un peu plus.

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