De la passerelle qui enjambe la Divatte, route qui longe la Loire, la vue sur le chantier montre l’importance des travaux qui ont démarré le 1er juillet dernier, au niveau de Saint-Julien-de-Concelles, près de Nantes.
Du lundi au vendredi, de 7 h à 22 h, une noria d’engins de travaux publics amène sur le site de stockage et l’estacade posés au niveau du fleuve d’immenses blocs de pierres entreposés de l’autre côté de la route, près du centre opérationnel du chantier.
Cinquante personnes sur le chantier
Le champ de gros cailloux s’étend sur une centaine de mètres et s’élève sur plusieurs mètres de haut.
« Cela représente une petite partie de ce qui va être mis dans l’eau », explique Damien Denis-la Roque, coordinateur des travaux pour le groupe Charier GC, l’une des trois entreprises avec Guintoli et CDES en charge d’un programme qui va engloutir 500 000 tonnes de roches.
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Partis de la zone logistique, les camions déposent les 250 tonnes de cailloux sur les barges plates.
Des bateaux pousseurs amènent les embarcations chargées à bloc sur les différents sites.
Cette valse d’engins se fait dans un environnement ultra-sécurisé, vu les contraintes du chantier qui se fait en bordure de la route de la Divatte empruntée et d’une liaison de la Loire à vélo, très fréquentée.
Pour assurer la sécurité des cyclistes, un poste barrière, contrôlé par un agent, assure d’ailleurs le passage.
Digue immergée de 500 mètres de long
L’Officière est devenue une vraie fourmilière dans laquelle travaillent une cinquantaine de personnes (dont treize encadrants) par jour.
Le lieu-dit de Saint-Julien-de-Concelles est la clé de voûte du programme de rééquilibrage du lit de la Loire.
Porté par Voies navigables de France qui en assure la maîtrise d’ouvrage, le chantier est hors normes par la réalisation des aménagements à réaliser dans le fleuve.
L’opération consiste à construire des protections de berges et d’ouvrages sous-fluviaux en enrochements.
L’aménagement principal à poser sous l’eau est un duis, une digue de 500 m de long et trois mètres de haut.
La digue immergée doit venir resserrer les écoulements du fleuve à marée basse et en étiage, période de l’année où le nouveau du cours d’eau est le plus bas, pour favoriser le dépôt de sable à l’amont.
VNF (Voies navigables de France).
« On a affaire à des artistes de la pelle »
Aux dimensions gigantesques d’un chantier qui demande d’importants matériels, s’ajoute une prouesse technique.
Celle de poser avec adresse des matériaux sous-marins pour réaliser des ouvrages dont pour certains la cote doit respecter une tolérance de 20 centimètres.
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« On a affaire à des artistes de la pelle », souligne la responsable VNF.
Une solide dextérité surtout dans ce secteur de la Loire.
Ici, les travaux sont en effet « spécifiques et uniques » du fait de fortes contraintes.
Projet unique aux contraintes particulières
Les conditions sont particulières « et mêmes extrêmes du fait de la variabilité et de l’inversion des courants, reconnaît Séverine Gagnol.
Cette partie du fleuve est large. Il y a du débit. C’est la limite entre la zone estuaire et la zone fluviale, la limite d’influence de la marée.
Dans un secteur où le courant circule dans les deux sens, les conditions changent tout le temps.
« Il y a plusieurs mètres de variation et le débit varie en permanence », souligne Séverine Gagnol pour qui ce projet reste « unique et exceptionnel ».
Pourquoi de tels travaux ?
Les travaux du secteur appelé Bellevue, zone allant de Saint-Julien-de-Concelles à Sainte-Luce-sur-Loire ouvrage de Bellevue, sont une partie du programme du rééquilibrage de la Loire. D’autres travaux, remodelage des épis de navigation, se font entre Anetz et Oudon.
Au niveau de Saint-Julien, tous les ouvrages seront immergés. L’objectif de tous ces travaux qui ne vont pas bouleverser le paysage vise à redonner une fonction plus naturelle à la Loire. Le fleuve a été fortement modifié par la navigation, l’extraction du sable et les activités humaines tout au long du 19e et XXe siècle. Ces activités ont perturbé le fonctionnement naturel de Loire. Le lit du fleuve s’est profondément enfoncé, entraînant des niveaux de plus en plus bas en période d’étiage, lorsque les débits du fleuve sont les plus faibles. « Les ouvrages et interventions programmés ont pour but d’ici une cinquantaine d’années le dépôt d’1,5 million de m3 de sable pour rehausser les fonds de 70 cm, et relever la ligne d’étiage de 1,80 m. Du coup, on évite à la marée de remonter, on sécurise les nappes phréatiques et on reconnecte les bras secondaires », avait présenté VNF à Saint-Julien-de-Concelles lors de la réunion publique à l’hiver 2023. « L’objectif est de retrouver un fleuve plus équilibré, plus dynamique et une eau de meilleure qualité. Les aménagements sont aussi un frein à la remontée du bouchon vaseux », corrobore Séverine Gagnol. Le coût du programme est de 53 millions d’euros (30 millions d’euros rien que pour les travaux du secteur Bellevue). Il est cofinancé par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (45 %), la Région des Pays de la Loire (30 %), le Fonds européen de développement régional-Feder Loire (20 %) et VNF (5 %).
« Même si tout a été pensé et imaginé tout au long des études, on n’a pas de retour d’expérience », reconnaît la responsable.
Chantier sur deux ans
A l’Officière, le chantier va se faire en deux temps.
Il a commencé en juillet.
Et s’arrêtera en novembre pour éviter les débits de crues et ne pas gêner les migrations piscicoles.
Pour cette année, les travaux concernent les protections de berges qui se situent de l’autre côté du fleuve, sur la rive droite, au niveau de Bellevue, à Sainte-Luce-sur-Loire, les épis sous-marins et un tapis de dissipation.
« Ces aménagements visent à freiner et ralentir les mouvements d’eau et à renforcer la rive en la protégeant de l’érosion », explique Damien Denis-la Roque
L’aménagement du duis est lui prévue en 2025, après une pause hivernale.
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